Avenir Light est une police épurée et élégante et appréciée des designers. Agréable à regarder, elle s'adapte parfaitement aux titres et paragraphes.
CONFINEMENT
Par delà la lucarne
par delà les murs
dans l'eau de mon bain
je barbote, rêveuse
à ce que sera l'été.
Au delà des murs
les vagues danseront
Sans moi
Au delà des murs,
les mouettes joueront
Sans moi
Le vent soufflera
Le sable voltigera
Sans moi
Et le soleil continuera sa course
dans le haut du ciel
très haut et brûlant
Parce que l'été passera
Comme ça
Sans qu'au delà des murs,
on ne puisse profiter de ses couleurs.
S'éloigner de l'autre
S'éloigner des autres
S'éloigner de soi.
Comment ferons-nous cet été
Pour humer la marée,
Pour plonger, nager, surfer
Sans qu'au delà des murs nous soyons obligés
De nous priver de sa légèreté
Du parfum des herbes chaudes
De la douceur de l'eau salée.
A travers la buée
Je continue à espérer
Qu'il sera encore temps
De profiter de l'été
Sans que nous soyons inviter au bal masqué !
Mathilde Helly, le 6 mai 2020
L'automne est là. La pluie, les températures, la lune nous le disent. Je n'ai aucune idée de ce que sera notre vie dans les prochaines mois.
Il nous faudra sans doute déployer des trésors de talents pour bâtir un monde en couleurs et éviter les larmes et le quotidien maussade que les événements nous prédisent : tempêtes, pluie tropicale et inondations meurtrières, feux à gogo, covid, perte de travail, peurs de toutes sortes....
Avant que le pire ne se raconte, je voulais demander pardon aux dizaines d'escargots que j'écrase chaque jour quand je traverse mon jardin, quelques pas meurtriers entre la maison et les ateliers.
Jeunes ou gros, petits ou vieux, sous mes pas, par mégarde, mais avec regret, je vous compte et vous adresse mes humbles excuses. Il faudrait que ma marche soit éclairée, que mon pas soit moins impérieux, que ma volonté soit modérée pour arriver à entendre votre chemin. Au lieu de cela, je multiplie les constats et pleure à chaque collision : mes semelles aveugles et ignorantes, écrabouillent sauvagement votre coquille et d'un "merde" triste et désolé, je cadence mes blâmes.
De toute mon âme, je vous promets de me corriger, de chausser léger, de respirer l'humidité avant de poser mon pied et de croire en vous, comme un exemple énoncé d'une vie meilleure annoncée.
Vivons lent, vivons meilleur.
Mathilde Helly, le 5 octobre 2020
Le silence
Étrange silence que ce silence silencieux, unique survivant des brouhaha citadins.
Comme une maison sans enfant, comme un cœur sans amour, la ville se dépouille de son écho et fait le deuil de ses apparats.
Insulte à la vie ?
Invitation à la mort ?
L’absence de vacarme fait résonner mon cœur, et ses battements me redonnent vie. Je mets en distance mes bavardages qui déjà ont laissé sur les murs de ma prison toutes les formes de promesses futures espérées.
Comme pour combler le manque, j’ose un soupir ; une inspiration… qui, telle une chanson douce au clair de lune, apaise mes peurs et comble mon cœur.
Chut!
Entendez le chanter, ce silence redouté!
Je l’aime plus que tout parce qu’il me dirige vers vous....
Mathilde Helly, dimanche 18 octobre 2020
Le héron
Au soleil couchant, posé sur son miroir,
Un héron frêle aux lents battements,
Sur les eaux calmes, planant,
Espère, d’un pas rapide,
Rencontrer sa capture fragile .
Mathilde Helly, le 21 octobre 2020
Dans le creux de l'oreille
Quelques secondes seulement,
les yeux fermés pour mieux écouter,
dans le creux de la vague,
le mystère de nos origines,
le va et vient constant de nos vies,
qui, sous la force de nos désirs,
conduit inlassablement
nos regards vers l'infini.
Mathilde Helly, 24 octobre 2020
Je voulais voir le monde,
Aller sur les chemins qui bordent nos forêts
Et siffler au vent ma soif de liberté.
Je désirais m'abreuver de ces terres humides
Et ne faire qu'un avec la rosée.
Je m'imaginais répondre aux chants mélancoliques des oiseaux,
Et surprendre le noble brame du cerf.
Je rêvais d'embrasser la forêt entière
Et de mes pas feutrés
Dessiner un chemin encore jamais tracé.
J'aurais tout fait pour enfreindre ses taillis,
Et m'aventurer dans l'antre feuillue de l'automne coloré.
Je rentre sans fatigue
Lourde de mes regrets
Jalouse de cette Terre dont je suis, aujourd'hui, privée
De cet automne qui se fera sans moi
De cette marche que je ne ferai pas.
Mais je reste accrochée à ma folie,
A mon désir ardent de vivre, d'éprouver et de partager.
Je ne sais comment
Mais je laisserai pousser en moi la sève dont je suis dépouillée
Ce que je ne peux faire dans un sens ,
Je le ferai dans l'autre
Et je grandirai et j'irai si haut,
Si haut
Que je l'étreindrai dans sa totalité.
Mathilde Helly , le 30 octobre 2020
Escortée par le vent
Les pieds dans l’humus doré
J’arpente les sentiers
Chemins crottés
Terre tapissée
Lits bruyants de feuilles mortes
Mon regard orchestre chaque détail
Arbres, mousses
Champignons et baies
Et je vois alors se dessiner avec minutie chaque secret
Soudain danse une multitude de vibrations colorées
Un mouvement symphonique dirige chaque partie.
Je ne suis plus maître.
J’entends juste l’écho qui me raconte ce que veut dire LIBERTÉ
Mathilde Helly, 1 novembre 2020
Les enfants grandissent
Et je mesure le chemin de toutes ces années,
A être là, parfois malgré moi,
A leurs côtés.
Avec affection, regards après regards,
Mots après mots,
Je rectifie, j’ajuste l’édifice.
D’un bisou à l ‘autre,
D’une permission à une interdiction,
Je tente l’expression de ce que nous appelons simplement
L’amour.
Aujourd’hui, plus que jamais,
Je prends le risque de les laisser aller.
Il est l’heure pour eux de prendre leurs distances
Loin de nos conseils avérés.
Grandir est l’affaire de chacun
Et je dose ces moments entre eux et moi.
Et parce que notre liberté se mesure à nos peurs,
A notre peur de vivre et d’être heureux,
A notre peur de mourir loin des nôtres,
A notre peur du rejet, de l’échec et du regard des autres,
Parce qu’il n’est pas de meilleure vie que de naitre pour donner le meilleur de soi
D’éprouver l’excellence de notre propre mouvement,
Nous ne pouvons passer notre existence dans le regard d’autrui
Et perdre l’essentiel de notre vie.
Qui serais-je pour vouloir maitriser leurs ardeurs ?
Pourquoi voudrais-je orchestrer leurs propres émotions?
Pour quelles raisons je contribuerais à leur propre prison?
Au nom de qui ou de quoi, je devrais modeler leurs propres peurs ?
Je connais le combat pour être moi.
Combien de fois ai-je tourné le dos à ceux qui savaient pour moi ?
Combien de prières ai-je faite pour croire en moi ?
Je sais que les meilleures choses qui me soient arrivées sont celles que je n’ai pas créées.
C’est le hasard qui m’a servie.
Il en sera de même dans leur vie.
Je leur dois courage, force, écoute, attention et respect.
Parce que sans cela pas de confiance à leur chevet.
Peut-être que malgré tout ils toucheront l’insondable fond.
Peut-être qu’ils seront trop longtemps privés de leur révélation,
Mais ce sera leur chemin à eux
Une vie loin des concepts
Un patchwork d’expériences, de chutes et de réussites,
Une pluie de sens et d’émotions.
Nous passons parfois une vie entière à chercher en nous notre propre clé,
Celle de notre prison
A jouer le rôle de notre propre geôlier
A crever sous nos infantiles manipulations
Trop peureux de nos réels désirs,
Engoncés dans notre costume fait d’excuses et de conspirations.
Alors je vous dis « OSE »
« Saute ! »
La vie est mouvement
Et à l’heure où le monde produit, chiffre, monnaye,
Accepte l‘audace, le hasardeux
Ici est ta clé,
Celle de ta liberté !
Abandonne tes luttes
Oublie tes croyances
Éprouve ton dépassement
Salue tes peurs et laisse les passer.
Ainsi tu prendras le risque d’exister.
Mathilde Helly, 7 novembre 2021
Comme un tourbillon sans fin
Notre existence se construit maintenant loin des repères passés,
Destinée en suspens,
Réalité rétrécie.
Unique chemin,
Unique lien de survie,
Se dessinent et se confondent
Haut et bas,
Ici et là.
Là-bas est déjà trop loin.
Aujourd’hui, hier et demain ne forment plus qu’un.
Mathilde Helly, 14 novembre 2020
LA FÊTE
J’entends au loin les courbes infinies de la danse et des flonflons. La fête gronde et donne en écho tant de souvenirs de joies et de rires.
Tel un ballet d’hirondelles, chacun a pris sa place dans le tourbillon joyeux et sonore des échanges : sourires croisés , joues baisées, bras ouverts et bouches pleines. Les yeux brillent et embrassent dans sa totalité la communauté agitée.
Oui j’aime m’amuser et encore plus partager.
Je donnerais cher pour vivre de nouveau ces moments colorés de la vie.
Alors je mettrai en fête mon jardin, inviterais les fleurs et leur parfum pour vous accueillir et déjà vous rafraîchir des températures excitées à venir. Sur l’autel, seraient consacrés mille et un mets et breuvages promis au palais les plus gourmands et aux âmes les plus légères.
Emballés par un défilé de musiques endiablées, nous trémousserions nos corps lâchés, apprenant dans un même temps à conjuguer les verbes tortiller et frétiller.
Parce que la fête est un art, j’en fais une vertu.
Mais, il est bien loin le temps des échanges passionnés, toute gueule ouverte prête à beugler comme à susurrer mots d’amour et d’amitié. Sans limite de tons, je voudrais entendre encore ce brouhaha joyeux et endimanché où se mélangent le masculin et le féminin.
Combien de temps encore nous faudra-t-il attendre pour que la fête, libérée de son odieuse mascarade, nous réapprenne à nous enlacer ?
De tout mon cœur je veux garder auprès de moi la gaieté et l’ allégresse pour ne jamais oublier ce réveil joyeux fait d’ enchantement et de merveilleux. Je m’inventerai 1000 fêtes s’il le faut, plus sages, plus intérieures. Je ferai du soleil mon roi, honorerai sa course, célébrerai sa renaissance en vous rejoignant pour un nouveau départ, vers des jours de grande lumière.
En ce 21 décembre 2020, je vous souhaite un merveilleux Noël.
Mathilde Helly
Une mère
Messieurs,
Dites à vos fils qu’une mère a le droit de pleurer,
que ses larmes sont une demande de respect;
qu’ une femme peut être forte et que leur mère est sans doute la plus forte,
mais qu’elle ne peut passer son temps à cacher ce qui l’a blessé.
Dites à vos fils que leur mère peut être fatiguée et même usée d’avoir trop écouter, trop organiser, trop penser…
Messieurs, dites-leur bien qu’une mère est aussi une femme vivante sous les caresses ou sous les coups d’un homme et qu’il s’agisse d’une histoire de peau ou de caractère, cette femme qui est leur mère pleure pour rester vivante.
Dites-leur bien aussi que ces larmes ne sont pas les leurs, et qu’en restant silencieux mais présents, loin de tout jugement, ils offrent à leur maman le regard le plus aimant.
Mathilde Helly, le 4 janvier 2021
( Une mère, Extrait)